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Chapitre 4
impactdonspolitiquemultiplicateuraltruisme-efficace

Avoir un vrai impact

Découvrez trois façons scientifiquement prouvées d'avoir un impact positif important dans n'importe quel travail : donner efficacement, s'engager politiquement et être un multiplicateur.

Voici trois façons d'avoir un vrai impact dans n'importe quel travail, d'après la science.

N'importe qui peut faire une différence, quel que soit son métier, en donnant à une organisation caritative, en s'impliquant politiquement ou en exerçant une activité bénévole.

Malheureusement, beaucoup de tentatives dans ce sens ne sont pas efficaces, et certaines font même plus de mal que de bien.

Prenons par exemple le parachutisme sponsorisé. Chaque année, des milliers de personnes recueillent des dons pour des causes importantes et se jettent d'un avion pour attirer l'attention sur une organisation caritative. A priori, c'est gagnant-gagnant : les parachutistes passent un moment incroyable (c'est le genre d'expérience dont on se souvient toute sa vie) tout en réunissant de l'argent pour la bonne cause. Quel mal pourrait-il y avoir à cela ?

En fait… il y en a beaucoup. D'après une étude de deux centres de parachutisme populaires au Royaume-Uni, sur une période de 5 années (1991 à 1995), 1 500 personnes environ ont sauté pour des associations et ont recueilli, à elles toutes, un total de plus de 120 000 £, soit 140 000 €[^1]. Ce qui semble tout à fait honorable… jusqu'à ce qu'on remarque quelques petits problèmes.

D'abord, les coûts des sauts ont été déduits des dons. Des 140 000 € initiaux, seuls 55 000 ont été reversés à des organismes de bienfaisance.

Ensuite, en raison de l'inexpérience d'un grand nombre de parachutistes dans ce sport, ces sauts ont occasionné 163 blessures qui ont nécessité en moyenne neuf jours d'hospitalisation.

Pour les remettre sur pied, le National Health Service, le système de santé publique au Royaume-Uni, a déboursé environ 715 000 €, soit 15 € de dépenses pour chaque euro versé à une organisation caritative. Le résultat net de ces opérations a été une diminution des ressources pour les services médicaux. Très ironique, sachant que les domaines d'intervention des œuvres de bienfaisance choisies étaient en général des enjeux de santé[^2].

Photo d'Ann W, CC BY 2.0

Quid du bénévolat ? L'un des soucis, c'est que les bénévoles ont besoin d'encadrement. Si leur manque de formation provoque une perte de temps pour les managers (qui, de leur côté, ont les compétences nécessaires), leur coût pour l'organisation peut facilement dépasser leur valeur ajoutée. En fait, beaucoup de programmes de volontariat ne persistent que parce que les bénévoles sont plus susceptibles de donner de l'argent à leur organisation. Quand FORGE a mis fin à son programme de volontariat pour améliorer son efficacité, une conséquence inattendue a été une baisse significative des dons.

Ainsi, si le bénévolat peut être efficace dans les bonnes circonstances, c'est souvent loin d'être le cas.

Au cours de nos recherches, nous avons constaté que n'importe qui dans un pays riche, après n'importe quelles études supérieures, peut améliorer de beaucoup la vie d'autrui, et ce sans changer d'emploi ni faire d'immenses sacrifices.

Nous allons traiter trois stratégies :

  • Donner 10 % de votre revenu à des organismes caritatifs efficaces ;
  • Agir au niveau politique ;
  • Aider les autres à améliorer leur impact.

Temps de lecture : 12 minutes

1. Donner efficacement

Comment travailler dans le métier le plus épanouissant pour vous et avoir un impact positif important ?

Donnez 10 % de votre revenu aux personnes les plus pauvres du monde. C'est aussi simple que ça.

Que peut-on accomplir avec des dons ? Une estimation prudente

Depuis 2008, il est possible, avec GiveDirectly, de faire des transferts d'argent directement aux populations les plus pauvres d'Afrique de l'Est via téléphone mobile.

Nous ne pensons pas qu'il s'agit de la meilleure façon de donner à des organisations caritatives – nous étudierons plus tard des approches qui permettent un impact plus grand encore –, mais c'est une méthode simple et quantifiable, qui nous offre donc un bon point de départ.

Comme vu dans la partie 1, plus on a d'argent, moins on constatera une amélioration de sa vie avec un nouvel accroissement de ses ressources. Par exemple, aux États-Unis, une multiplication par deux du revenu ne correspond qu'à un demi-point de satisfaction de vie supplémentaire sur une échelle de 1 à 10.

Ces études ont été étendues au monde entier. Le graphique ci-dessous[^3] montre quelques exemples.

Stevenson, Betsey, et Justin Wolfers. Subjective well-being and income: Is there any evidence of satiation? No w18992. National Bureau of Economic Research, 2013. Lien de l'archive.

Les bénéficiaires pauvres de GiveDirectly au Kenya consomment en moyenne 800 $[^4], soit 730 €, par an[^5]. La somme a été ajustée pour correspondre au pouvoir d'achat des États-Unis et prend donc déjà en compte le fait que la même quantité d'argent permet d'acheter davantage dans les pays pauvres qu'aux États-Unis.

Aux États-Unis, après des études supérieures, on touche en moyenne 77 000 $ de revenu annuel lié à son travail, soit environ 65 810 € avant impôts et 46 580 € après (en 2023)[^6]. Donc, partant du principe que la relation entre revenu et satisfaction de vie est logarithmique, un dollar ou un euro aura 68 fois plus d'impact s'il est donné à quelqu'un au Kenya plutôt que dépensé qu'aux États-Unis[^7].

À titre de comparaison, en France, les personnes appartenant à la catégorie « Cadres et professions intellectuelles supérieures » ont un salaire médian annuel de 35 830 € en 2021[^8] (soit 25 840 € après impôts). Un euro aura donc 35 fois plus d'impact si vous le donnez à quelqu'un au Kenya que si vous le dépensez pour vous-même.

Si une personne gagnant ce revenu moyen en reversait 10 %, elle pourrait, chaque année, doubler le revenu annuel de sept individus qui vivent dans une extrême pauvreté. À l'échelle de toute une carrière, ce serait un impact positif majeur sur des centaines de personnes.

Grace, 48 ans, veuve, quatre enfants à charge, est une bénéficiaire typique des transferts monétaires de GiveDirectly.

Grace, bénéficiaire des transferts monétaires de GiveDirectly

J'aimerais utiliser une partie de l'argent pour construire une nouvelle maison, l'actuelle étant en très mauvais état. Ensuite, je paierais les frais de scolarité d'un institut technique pour mon fils…

Ma plus belle réussite est d'avoir permis à mon fils de suivre des études secondaires.

Ma plus grande difficulté dans la vie est que je n'ai pas de source de revenus adéquate.

Mes objectifs actuels sont de me construire une latrine à fosse et de creuser un puits, l'approvisionnement en eau étant un très gros problème.

Un essai contrôlé randomisé mené par GiveDirectly sur son programme a montré une baisse importante de la faim, du stress et d'autres problèmes chez ses bénéficiaires, et ce jusqu'à des années après la réception des dons. Ces résultats viennent s'ajouter à une littérature scientifique déjà conséquente qui constate que les bienfaits des transferts monétaires sont significatifs.

Que sacrifiez-vous quand vous donnez ?

En général, quand on pense à avoir un impact positif avec sa carrière, on a en tête un travail dans l'enseignement ou dans l'associatif, qui paie souvent moitié moins que ce qu'on pourrait toucher dans le privé et qui ne correspond pas forcément à ses compétences ou intérêts. Il est bien possible que le sacrifice de 10 % de vos revenus soit en fait bien moindre que celui qu'impliquerait une reconversion dans l'un de ces métiers.

De plus, comme nous l'avons vu plus tôt dans le guide, si vos revenus annuels dépassent 50 000 € environ[^9], un peu plus d'argent ne vous affectera pas tant que ça, tandis qu'aider les autres, par exemple au moyen de dons, aura probablement un vrai impact sur votre bonheur.

Prenons un exemple parmi tant d'autres. Une étude a constaté que dans 122 pays sur 136, quand les personnes répondaient « Oui » à la question « Avez-vous donné à une organisation caritative le mois dernier ? », leur satisfaction de vie montrait une hausse du même nombre de points que celle des personnes qui gagnaient deux fois plus[^10]. C'est sans doute en partie parce que les individus heureux donnent davantage, mais nous avons des raisons de penser que l'inverse est valable également.

(Pour savoir si donner 10 % de vos revenus rendra votre vie plus heureuse, voir ici.)

Comment avoir plus d'impact qu'en devenant médecin

Si l'efficacité du don peut être aussi redoutable, c'est parce que vous avez la possibilité d'envoyer votre argent aux organisations qui travaillent sur les problèmes les plus importants et les plus négligés du monde. Beaucoup d'œuvres de bienfaisance ne sont pas efficaces, mais les meilleures d'entre elles le sont.

Même si GiveDirectly fait partie, sans aucun doute, des organisations efficaces, d'autres font encore mieux, d'après des spécialistes. GiveWell, organisation indépendante de premier ordre qui se consacre à l'évaluation d'autres organismes caritatifs[^11], estime que les meilleurs d'entre eux (comme Helen Keller International ou Against Malaria Foundation, la fondation de la lutte contre le paludisme) préviennent une mort environ pour chaque 5 000 $, soit 4 500 €, récoltés[^12]. De plus, le traitement du paludisme entraîne d'autres bienfaits comme l'amélioration de la qualité de vie globale ou l'augmentation du revenu, qui eux-mêmes ont des conséquences positives sur le long terme.

Si vous touchez 50 000 € par an, donner 10 % de votre revenu à Against Malaria Foundation vous permettrait ainsi de sauver plus d'une vie chaque année.

Ce genre de programmes médicaux, qui ont fait leurs preuves et sont très efficaces par rapport aux sommes injectées, représentent une telle opportunité d'avoir un impact positif que même les plus sceptiques vis-à-vis de l'aide au développement leur ont opposé très peu d'arguments.

Une vie sauvée par an, c'est 40 vies sauvées sur une carrière de 40 ans. Dans notre dernier article, nous avons estimé que les médecins, en médecine clinique, sauvent en moyenne trois vies au cours de leur carrière. En donnant 10 % de votre revenu, vous auriez environ 10 fois plus d'impact que ça.

Si nous avons pris pour exemples GiveDirectly et Against Malaria Foundation, c'est pour vous proposer un minimum concret de ce que vous pouvez accomplir. En réalité, il y a selon nous beaucoup d'organisations caritatives qui sont encore plus efficaces que celles-ci.

Certaines d'entre elles se consacrent à des problèmes qui semblent encore plus cruciaux et moins étudiés, comme la prévention d'une pandémie catastrophique. Nous verrons dans un article ultérieur pourquoi, à notre avis, les pandémies sont une préoccupation plus pressante que la santé mondiale, et un autre, indépendant du guide, vous donne des pistes pour choisir des œuvres de bienfaisance plus efficaces.

Si les 10 % les plus riches du monde donnaient 10 % de leur revenu, cela représenterait 5 000 milliards de dollars par an[^13]. Ce serait assez pour doubler les fonds accordés à la recherche scientifique, faire remonter l'ensemble de la population mondiale au-dessus du seuil de pauvreté (2,15 $ par jour, soit environ 2 €), assurer une éducation de base universelle, et il resterait encore suffisamment d'argent pour financer une nouvelle renaissance artistique, aller sur Mars, puis investir 1 000 milliards dans la lutte contre le dérèglement climatique. Rien de tout ça ne serait facile à réaliser, mais c'est une bonne illustration de l'énorme potentiel qui pourrait être débloqué si nous donnions davantage[^14].

Comment est-ce possible ?

C'est ahurissant qu'on puisse accomplir autant en sacrifiant si peu. Voici comment cela s'explique.

Ci-dessous, un des graphiques les plus importants en économie : celui du revenu mondial.

Source : PovcalNet et Milanović[^15]

On y voit le pourcentage de la population mondiale (en abscisse) pour chaque niveau de revenu (en ordonnée). Le revenu a été ajusté pour indiquer ce qu'un montant donné permet d'acheter dans le pays de résidence de chaque individu (suivant la « parité de pouvoir d'achat »). Dans un monde parfaitement égalitaire, la courbe serait horizontale.

Quand on habite dans des pays tels que la France ou le Canada, on sait qu'on est riche par rapport aux standards mondiaux, mais on ne se pense généralement pas comme une des personnes les plus riches de la planète : après tout, on n'est pas à la tête d'une banque ou d'une multinationale, on n'est pas une célébrité. Mais en réalité, si vous gagnez 55 000 € par an après impôts et n'avez pas d'enfants, alors, à l'échelle mondiale, vous faites partie des 5 %.

Cet outil vous permet de calculer rapidement à quel point vous êtes riche.

Ce sont des nombres approximatifs, mais, si vous lisez ceci, vous vous situez très probablement dans le grand pic à droite du graphique (et peut-être même au-delà), tandis que presque tout le reste de la population mondiale est en bas, là où la courbe est à peine visible.

Vous n'avez pas de raison d'être mal à l'aise face à cette réalité. En revanche, ce qu'elle met en lumière, c'est qu'il est fondamental de réfléchir à vos possibilités d'aider les autres grâce à la chance que vous avez. Dans une société plus égalitaire, nous pourrions nous contenter de soutenir nos proches et de travailler sur notre propre vie. Mais le monde est comme il est, et nous avons une gigantesque opportunité d'aider d'autres personnes sans que ça nous coûte beaucoup ; ce serait vraiment trop dommage de la gâcher.

Agir maintenant

Au sein de l'équipe de 80,000 Hours, pour beaucoup, nous avons trouvé ces arguments si convaincants que nous avons fait la promesse de donner au moins 10 % de nos revenus aux organismes caritatifs les plus efficaces du monde durant toute notre vie.

Nous avons pris cet engagement via Giving What We Can, une de nos organisations partenaires[^16].

Avec Giving What We Can, vous pouvez promettre publiquement de redistribuer 10 % de vos revenus aux œuvres de bienfaisance qui, selon vous, sont les plus efficaces.

C'est un processus qui vous prendra quelques minutes seulement. C'est sans doute, actuellement, votre opportunité la plus significative de contribuer.

Faites la promesse

Ce n'est pas légalement contraignant, vous choisissez où va votre argent, et, si vous êtes encore en études, l'engagement se limite à un don de 1 % jusqu'à votre diplôme. Vous rejoindriez 9 000 personnes, qui ont promis un total cumulé de 3 milliards de dollars.

Ce n'est pas une promesse à la portée de tout le monde. Nous vous recommandons de faire preuve de prudence si vous prévoyez d'avoir avant tout un impact à travers votre travail (notamment si votre future carrière risque d'être peu rémunératrice, avec des emplois dans l'associatif par exemple), si vous avez beaucoup de dettes ou de problèmes d'argent, ou si vous n'avez pas la certitude de pouvoir vous y tenir.

Enfin, si vous ne vous sentez pas encore capable de prendre cette décision, Giving What We Can vous propose une « promesse à l'essai » : vous donnez 1 % de votre revenu seulement, pendant la période de votre choix, pour tâter le terrain avant de vous engager à long terme.

2. Et si vous n'avez pas envie de donner de l'argent ? Aider à travers des revendications politiques efficaces

De la même façon que nous sommes riches juste parce que nous avons vu le jour au bon endroit, notre lieu de naissance suffit à nous conférer une influence politique.

Les pays riches ont un impact disproportionné sur certaines questions (commerce mondial, migration, dérèglement climatique, politiques technologiques), et sont en général au moins partiellement démocratiques. Si vous voulez agir au-delà du don d'argent, envisagez de militer pour des enjeux de premier plan.

À l'origine, nous étions sceptiques. Nous ne pensions pas qu'une seule personne pouvait avoir une véritable influence à travers la revendication politique. Mais, quand nous avons vu les nombres, nous avons changé d'avis.

Prenons un exemple, peut-être le plus simple d'entre tous : voter aux élections. Plusieurs études ont estimé, à travers des modèles statistiques, la probabilité qu'un unique vote détermine le résultat des présidentielles aux États-Unis. Ce système électoral reposant sur les États, si le vôtre est déjà acquis à un parti, vos chances d'être la voix qui fera pencher la balance sont effectivement de zéro. Mais si vous vivez dans un État partagé entre les deux partis, la probabilité remonte : entre une chance sur 10 millions et une sur 1 million. C'est mieux que vos perspectives de gagner au loto.

Il faut bien avoir à l'esprit que le gouvernement fédéral des États-Unis a un poids très, très important. Mettons qu'un candidat ou une candidate veuille consacrer 0,2 % supplémentaire du PIB à l'aide internationale. Au bout des quatre ans de son mandat, cela ferait 187 milliards de dollars de plus pour ce poste de dépense[^17]. Un millionième de cette somme donne 187 000 $. Ainsi, si voter vous prend une heure, ce sera peut-être l'heure la plus primordiale – celle avec la meilleure espérance mathématique – de toute votre année. (Ces nombres sont similaires dans les autres pays riches ; dans ceux qui sont plus petits, les enjeux sont moins cruciaux – à titre indicatif, le PIB de la France était, en 2021, d'un peu plus de 12 % de celui des É.-U. –, mais les voix individuelles comptent davantage. En lire plus sur ces estimations ici.)

Nous avons choisi l'exemple du vote car il est quantifiable, mais nous partons du principe que l'idée fondamentale à l'œuvre ici – nous avons de très petites chances de changer de très grandes choses – s'applique également à d'autres formes de revendications politiques (bien choisies) : adresser une pétition à la personne qui vous représente au parlement de votre pays, augmenter la participation électorale en faveur du bon parti, ou intervenir à un niveau plus local en s'engageant dans des débats publics ou en votant lors de référendums locaux. Plus encore si vous faites attention à vous concentrer sur les enjeux les plus importants et les moins étudiés.

3. Faire office de « multiplicateur » : aider les autres à être plus efficaces

Mettons que vous n'ayez ni argent, ni pouvoir, et que vous n'ayez pas l'impression de pouvoir contribuer en travaillant sur un problème important. Que faire ?

Une de vos options : essayer de changer cela. Vous trouverez ici des conseils pour investir dans votre capital professionnel, quel que soit votre métier.

Mais vous avez aussi une autre possibilité. Vous connaissez peut-être quelqu'un qui a de l'argent, du pouvoir ou les compétences appropriées. Aidez cet individu à contribuer davantage, et vous ferez une différence.

Ainsi, si vous arrivez à convaincre deux personnes de donner 10 % de leurs revenus à des organisations caritatives, vous aurez un impact encore plus grand que si vous le faisiez vous-même.

Ce sont deux exemples d'actions multiplicatrices. On accomplit généralement plus en mobilisant qu'en travaillant en solitaire.

Voici d'autres stratégies possibles :

Diffuser vos connaissances : parler des solutions efficaces à des enjeux mondiaux négligés

Quels que soient les enjeux que vous choisirez, vous pouvez trouver des moyens d'en parler autour de vous. L'idée n'est pas de persuader à toute force une assistance réticente ; n'en discutez qu'avec des personnes qui vous semblent susceptibles de s'intéresser au problème en question. Vous en connaissez certainement. (Mais attention à ne pas accidentellement décourager votre audience.)

Il ne s'agit pas non plus seulement d'éveiller les consciences. Essayez d'identifier des actions concrètes qui permettraient à vos interlocuteurs et interlocutrices d'avoir un impact (travailler à un poste spécifique, par exemple), et parlez-en. Beaucoup de gens seront ravis de contribuer si on leur présente une occasion de le faire qui soit vraiment efficace.

Vous pouvez discuter de ces questions avec vos proches, leur transmettre des ressources sur le sujet, publier des liens et des idées sur vos réseaux sociaux, ou, tout simplement, montrer l'exemple.

Vous pouvez également contribuer de façon plus indirecte, en tâchant de respecter certaines valeurs importantes : par exemple, faire preuve de compassion, y compris vis-à-vis des animaux et des générations futures ; ou afficher une attitude ouverte, honnête et scientifique à l'égard de données nouvelles.

Trouver quelqu'un qui a beaucoup d'impact et l'aider à faire encore mieux

Par exemple, Ben a co-fondé SecureBio avec Kevin Esvelt. Pour Ben, le programme de Kevin pour réduire de façon radicale les risques de pandémies futures est le plus exhaustif qui soit. En pilotant la stratégie et les opérations de SecureBio, Ben permet à Kevin de se concentrer sur la recherche, et contribue ainsi à la prévention des pandémies.

(Vous pouvez consulter notre fiche sur le métier d'assistant ou assistante à fort impact si vous souhaitez plus d'informations sur vos possibilités de contribuer en aidant quelqu'un qui a déjà un impact important.)

Parler autour de vous d'opportunités d'emploi à fort impact

Mettons que vous veniez de tomber sur une offre d'emploi très intéressante en termes de contribution potentielle, mais pas forcément adaptée à vos compétences. Si vous parlez du poste à une connaissance et qu'elle l'obtient, vous avez autant d'impact que si c'était vous qui l'aviez occupé – et même plus si cette personne a un profil plus adéquat[^18].

Organiser un événement ou créer un groupe pour permettre à d'autres personnes de découvrir des idées ou enjeux importants

Si l'altruisme efficace vous intéresse, vous pouvez vous investir dans la gestion d'un groupe dédié à cette philosophie près de chez vous ou sur votre lieu de travail. Vous devriez pouvoir persuader plusieurs personnes de se pencher sur leurs possibilités de contribuer – un impact bien plus grand que celui que vous auriez eu par vous-même.

Lever des fonds

Souvent, une collecte de fonds à destination d'une œuvre de bienfaisance permet de réunir plus d'argent qu'on n'aurait pu en donner soi-même. Vous pouvez en créer une pour votre anniversaire, par exemple. Ou bien, si votre entreprise propose un programme de jumelage de dons – c'est-à-dire que l'entreprise double les dons que vous faites, une pratique qui commence à se répandre en France –, vous réussirez peut-être à encourager vos collègues à y participer.

Vous pouvez également vous renseigner davantage sur le bénévolat efficace.

Ce qui compte, c'est le résultat, pas que vous ayez vous-même mis la main à la pâte ou non.

Une anecdote (très certainement fictionnelle) relate une visite à la NASA du président John F. Kennedy. En voyant un agent de nettoyage, Kennedy lui aurait demandé ce qu'il était en train de faire. Son interlocuteur lui aurait alors répondu : « Ma foi, monsieur le président, je participe à envoyer un homme sur la Lune. »

Conclusion : tout le monde peut faire une différence

En bref, bonne nouvelle : pas besoin de vous jeter d'un avion pour être utile. Il y a des façons bien plus simples (et moins dangereuses) d'avoir un impact qui sont beaucoup plus efficaces.

Grâce à notre position enviable dans le monde, nous avons beaucoup d'options à notre disposition pour avoir un impact important sans gros sacrifice.

[^1]: Note de bas de page pour référence 1

[^2]: Note de bas de page pour référence 2

[^3]: Note de bas de page pour référence 3

[^4]: Note de bas de page pour référence 4

[^5]: Note de bas de page pour référence 5

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[^8]: Note de bas de page pour référence 8

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[^10]: Note de bas de page pour référence 10

[^11]: Note de bas de page pour référence 11

[^12]: Note de bas de page pour référence 12

[^13]: Note de bas de page pour référence 13

[^14]: Note de bas de page pour référence 14

[^15]: Note de bas de page pour référence 15

[^16]: Note de bas de page pour référence 16

[^17]: Note de bas de page pour référence 17

[^18]: Note de bas de page pour référence 18